J’ai testé : la coupe menstruelle

Il fallait bien que ça arrive, j’avais pourtant tenté de vous le cacher un moment mais voyez-vous, chassez le naturel : il revient au galop, il me faut donc vous l’avouer une bonne fois pour toutes : je suis une fille. Je sais qu’avec un pseudo pareil, vous m’auriez plutôt imaginée en pyjama, une bière à la main, à roter tout mon saoul après m’être gavée de burritos dégoulinants. Détrompez-vous ! J’ai beau affectionner l’humour gras, il est plutôt exempt de mon alimentation et malheureusement, je pète plus que je ne rote. Très féminin tout ça, vous en conviendrez.

C’est pourtant là que je voulais vous emmener, vers mon côté fille, parce qu’à mes heures perdues, je suis une vraie gonzesse, dans tous les sens du terme, avec des seins, des cheveux mais surtout des chaussures à talons, des fringues qui débordent des placards, du maquillage, des produits de beauté qui sentent bon, des poupées et autres produits dérivés made in Japan à vous faire attraper une crise d’épilepsie rien qu’en les regardant. J’ai hésité un moment avant de créer une telle catégorie, mais force est de constater que mes trucs de gonzesse font partie intégrante de mon quotidien, pourquoi alors ne pas les partager avec les quelques lectrices de ce blog.

Pour inaugurer cette catégorie, on commence fort, je vais vous parler plus en détails d’un petit morceau de latex qui a changé ma vie il y a déjà deux ans de ça. Non, ce n’est ni un préservatif, ni un sex-toy ni même un super lubrifiant à base de latex (oui, ça existe, c’est très bien, mais purée qu’est ce que ça tache). Alors, vous donnez votre langue au chat ? C’est pourtant pas si compliqué, quel est l’emmerdement n°1 quand on est dans la peau d’une fille ? Les règles bien sûr : c’est douloureux, ça rend irritable, ça tache, ça pue, ça se déclenche n’importe quand et parfois même ça ne se déclenche plus du tout. Non, je ne vous épargne rien, quitte à parler de trucs de filles, autant y aller gaiement en se trempant jusqu’au cou dans le gros cliché de base. Parlons donc d’un objet capable de rendre la chose un peu moins atroce. Et si vous avez le courage de me lire jusqu’au bout, peut-être vous souviendrez-vous avec émotion dans un an ou deux de cet article qui aura changé votre vie. Allez, je sais que vous attendez fébrilement le sujet de cet article, une fois n’est pas coutume, j’annonce la couleur d’entrée de jeux.

Mesdames et messieurs, faites place à l’article sur la coupe menstruelle !

La quoi ? La coupe menstruelle ? C’est quoi ça ? Est-ce que ça se mange ? Vous allez être déçus, non, ça ne se mange pas, ça n’a d’ailleurs pas de goût, pas d’odeur, sauf si bien sûr vous avez une hygiène douteuse. Encore une fois, je vais innover, me faire violence et insérer une image en plein dans le texte, même si je déteste ça (sauf quand il s’agit de couvertures de livres), parce que pour le coup, un dessin vaut mieux qu’un long discours.

Ladycup Jaune

La coupe menstruelle, c’est ça : un petit réservoir en latex qui s’insère dans le vagin, vient faire ventouse autour du col de l’utérus et récolte tous les jolis caillots glaireux produits au cours de la journée. Alors, il y en a de plusieurs tailles, de plusieurs couleurs, la mienne est jaune et elle a un mignon petit sachet fleuri comme sur la photo. En quoi est-ce donc révolutionnaire ? Ça ressemble à un drôle de gadget attrape-nigaud au premier abord, mais je vous assure qu’on est loin du compte une fois qu’on a essayé, le truc, c’est de sauter le pas.

Quand on a 10, 12,14 voire 16 ans et que les règles font leur apparition, on est toujours un peu perdues. Bien sûr, on est au courant que ça nous pend au nez, on les attend parfois avec impatience. On sait plus ou moins qu’à partir du moment où elles arrivent, on peut procréer et qu’on en prend pour 30 ans minimum à batailler avec nos hormones (je vous raconterai un jour comment après 10 ans de bons et loyaux services je suis passée du contraceptif hormonal à la capote). Et la première question qui se pose une fois devant le fait accompli c’est : « serviette ou tampon ? ». Au collège, les avis sont partagés entre les partisanes des serviettes et celles des tampons, les arguments avancés sont presque toujours les mêmes : les serviettes c’est saaaaaale mais avec les tampons, si on se débrouille mal, on peut perdre sa virginité (ô combien important, va savoir pourquoi). Alors, parce qu’à cet âge là on est influençable, on commence par les serviettes pour se donner bonne conscience et éviter de passer pour une grosse salope qui n’en a rien à foutre de son précieux hymen (à ce propos, je cherche toujours le mien, si d’aventure vous le croisiez sur votre chemin, merci de m’envoyer un mail). La serviette et moi, ça a duré deux jours, le temps de me rendre compte que je ne supportais pas de me sentir couler de partout et d’envoyer ma mère acheter des tampons. Mais ces derniers n’ont pas que des avantages, certes, ils évitent les écoulements intempestifs, mais peuvent bien souvent occasionner des gênes et autres micro-déchirures tout à fait désagréables lorsque le flux menstruel est peu abondant. Bref, la serviette et le tampon, c’est comme choisir entre la pendaison et la chaise électrique, quoi qu’on fasse, on se dit qu’on a fait le mauvais choix.

Puis un jour, en parcourant ce merveilleux puits à information qu’est Internet, on finit par tomber sur un article comme le mien, et on se rend compte qu’il y a une troisième alternative (peut-être même y en a-t-il d’autres, mais je ne les connais pas). Alors on s’informe, on fouille, on tape « Mooncup », « Ladycup » ou « coupe menstruelle » et on fait le plein de témoignages, puis on remet ça à la prochaine fois et on oublie. Dans mon cas, une petite dizaine d’années s’est écoulée entre le moment où j’en ai entendu parler et celui où j’ai sauté le pas. Il y avait un sujet sur un forum que je fréquente régulièrement et des tas d’avis ont été rédigés, encensant la chose, j’ai eu envie d’essayer. Après tout qui ne tente rien n’a rien. Ce qui m’a poussée à acheter une coupe menstruelle, c’est avant tout son coût : une vingtaine d’euros pour une dizaine d’années d’utilisation, quand on est radin comme moi, ça vaut le coup. J’ai passé ma commande et ai attendu une petite semaine avant de la recevoir. Je m’en souviens comme si c’était hier, elle est arrivée à point, pile en plein milieu des règles. Alors bien sûr, j’ai voulu l’essayer tout de suite.

De la théorie à la pratique, il y a parfois un grand fossé, celui-là fut parsemé de positions extravagantes à la limite du contorsionnisme. Ça ne fait pas tout d’avoir sa coupe menstruelle en mains, il faut ensuite apprendre à la mettre et ça, c’est tout un sketch. Le premier truc qui impressionne, c’est la taille de la chose, on se demande comment ça peut rentrer à l’intérieur, y rester et ne pas gêner, mine de rien, l’engin fait 4 cm de diamètres et 5 cm de long, du gros calibre quoi, heureusement que c’est souple. Il y a une petite notice explicative livrée avec la Ladycup, la mienne était en letton, j’ai vite abandonné la traduction, heureusement, il y avait aussi des dessins. On comprend vite que pour insérer la coupe menstruelle, il faut y mettre les doigts : premier blocage psychologique, les doigts c’est beurk, c’est plein de bactéries et en plus on a des ongles longs (des bactéries ouiiii) on a peur de finir avec la chatte en lambeaux. Il faut ruser pour trouver un bon moyen de mettre sa coupe menstruelle, les techniques sont diverses et variées : plier le truc en deux, quatre, trois, s’agenouiller, se coucher, s’accroupir, s’asseoir sur les chiottes, mettre les jambes derrière la tête. La seule chose qui importe ? Que la coupe soit bien positionnée, c’est à dire, qu’elle fasse ventouse autour du col de l’utérus (à vérifier en faisant le tour avec un doigt une fois la coupe dans le vagin), l’ennui, c’est que bien souvent, à ce stade de l’aventure, on ne le sait pas encore et on regrette d’emblée son achat quand on s’aperçoit qu’on a eu un tas de fuites la nuit.

La première chose qui frappe lorsqu’on a une coupe menstruelle à l’intérieur, c’est qu’on ne la sent pas, on l’oublie très vite. C’est un peu le but recherché, son avantage premier : pas besoin de la vider toutes les heures, certaines se contentent même de le faire toutes les 24 heures et se rendent compte qu’elle n’est même pas remplie mais ça c’est une question de flux. Bien sûr, pendant quelques mois, j’ai fait tout un tas d’erreurs de débutante, des positionnements douteux qui ont entraîné des fuites nocturnes, sans parler de mes premiers retraits. Parce que c’est le désavantage majeur de la coupe menstruelle : il faut l’enlever pour la vider et ça demande encore une fois un peu de maîtrise. La première fois, j’ai cumulé tout ce qui pouvait se faire de pire : je me suis griffée, j’ai tiré très fort pour l’enlever et j’en ai foutu tout partout, même sur mes pieds. Je n’ai aucun problème de peur ou de dégoût du sang, mais si vous en avez, c’est bien la seule raison pour laquelle je pourrais vous conseiller de passer votre chemin. Quand on enlève une Ladycup, on est directement confronté à son propre sang menstruel, on se rend compte qu’il n’est pas comme on l’avait imaginé, que c’est en fait un gros tas de caillots plus ou moins glaireux et qu’en plus on en a plein les doigts (du moins, les premières fois). C’est pourquoi il est conseillé de la retirer sous la douche ou à proximité d’un lavabo (mais sous la douche, c’est mieux parce que vous ne risquez pas de tacher le sol), le truc c’est qu’il faut bien se détendre, presser un coup sur la bête pour chasser l’air, annuler l’effet ventouse et enfin tirer légèrement jusqu’à ce qu’elle soit dehors. Ne pas oublier évidemment de rincer bien comme il faut et de stériliser après les règles (et aussi avant si vous êtes maniaque comme je le suis).

Alors voilà, si vous avez envie de tenter l’expérience, je ne peux que vous y encourager. Après deux ans d’utilisation, je suis pleinement satisfaite de ma Ladycup, et même si j’ai eu beaucoup de mal à l’apprivoiser, je n’imagine plus revenir aux tampons. Le mieux, c’est d’essayer en même temps qu’une copine (voire votre mère si elle est toujours en état de marche) pour pouvoir partager vos expériences et vos coups de fils désespérés à base de « mais bordel pourquoi tout le monde dit que c’est génial alors que moi j’ai des fuites ».

Pour plus d’information sur la coupe menstruelle, vous pouvez cliquer ici

Et pour faire comme les vrais testeurs de jeux vidéos, je vais clôturer cet article par un petit récapitulatif des points positifs et négatifs de la coupe menstruelle.

Les plus :

  • C’est écolo et pas cher: on ne jette rien à la poubelle et on ne jette plus ses sous par les fenêtres
  • On ne la sent absolument pas à l’intérieur
  • On la vide nettement moins souvent qu’on ne change de tampon

Les moins :

  • Pas facile d’utilisation dans les premiers temps
  • Il ne faut pas avoir peur du sang et la retirer à proximité d’un point d’eau
  • L’effet ventouse se fait la malle quand on pousse comme une forcenée pour chier (et plouf…)

Sur ce, j’ai très envie d’une clope, alors je vous laisse avant de me mettre à ronger mon bureau.

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5 Responses to “J’ai testé : la coupe menstruelle”

  1. Biokime dit :

    Loooooooooooooool

    Tout simplement extra comme billet, je ne crois pas qu’il soit possible d’avoir meilleur retour quand je lis ce test.
    Merci d’avoir partagé cette expérience en toute franchise, tout est dit, il n’y a rien à ajouter je pense (à part les liens vers les produits en question ;) ).

    Ha si, pour compléter peut-être ceci : http://www.easycup.fr/documents/coupe_menstruelle_bd.jpg

  2. Dunaedine dit :

    Pour l’aspect glaireux des règles, ne pas oublier que plus que du sang, c’est surtout de la chair qui est virée ainsi. Une espèce de tapis archi-vascularisé destiné à recevoir l’ovule fécondé. Et puisque ovule il n’y a point et qu’entretenir ce bordel, ça coûte, le corps dégage l’ensemble… Bon ok c’est plus mal foutu tout ça et le SAV n’est pas très dispo.

  3. Ophélie dit :

    Ahhh la muqueuse utérine, c’est tellement… miam !

  4. Le Kebab dit :

    La science a parlé : amen xD (nooooon, ne me fusillez pas du regard !)

  5. Ophélie dit :

    Mouhaha, moi ? la science ? :)

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